Je consacre ce site au nom énigmatique – zéro dièse – à la publication de mon travail philosophique, d’abord présenté en général, – tant il est vrai qu’en philosophie la parole précède l’écrit – sous forme de cours, dans l’abri offert par le Théâtre de la Commune puis par l’Ecole des Actes, micro-institution culturelle expérimentale et militante située à Aubervilliers.

Cette Ecole, dont l’existence est à ce jour entièrement inédite et singulière, est un lieu d’accueil et de rencontre possible, pour celles et ceux qui ne sauraient en aucun cas se satisfaire des espaces académiques et encore moins médiatiques, voire réseaux sociétaux, existants, pour connaître ce qu’il en est du réel du monde que nous avons en partage, avec toute une jeunesse étrangère qui, venue des confins de l’Afrique et de l’Indopacifique, y est envisagée non comme un rebut d’humanité relevant, sous le nom horrible de « migrants » et dans le meilleur des cas, de dispositions humanitaires, mais comme un fragment précieux d’humanité confrontant chacun à l’exigence amicale salutaire d’un sens entièrement renouvelé de la vie humaine et de la dignité de l’existence collective.

L’existence de cette Ecole, mon travail en son sein, inspirent mon travail philosophique propre. Mais les idées et hypothèses que je formule dans les textes et livres que vous allez lire appartiennent au champ de la recherche philosophique ; elles ne sont pas partie intégrante des productions de l’Ecole des Actes.

Le lecteur peut consulter le site de l’Ecole des Actes : ecoledesactes.org

Le philosophe Alain Badiou a publié en 2018 L’Immanence des vérités ; L’être et l’événement 3, ouvrage dans lequel, renouant avec l’enjeu d’une pensée philosophique rationnelle de l’absolu, est proposée une refonte complète de la dialectique du fini et de l’infini, forgée dans le creuset de la hiérarchie des grands infinis élaborée par les mathématiciens dans le cadre de la théorie des ensembles. L’idéologie de la finitude y est déterminée comme la principale disposition oppressive de notre temps ; en regard de quoi les caractéristiques mathématiques inédites des grands infinis y sont proposées comme autant de précieuses ressources pour penser la possibilité d’une vraie liberté créatrice.

C’est dans l’horizon ouvert par cette immense architecture rationaliste que j’ai décidé d’orienter mon travail. « Zéro dièse », nom donné par les mathématiciens à un grand ensemble singulier, a ceci de passionnant à mes yeux que, déterminant, à l’intérieur de la hiérarchie des infinis, le seuil où les opérations de la finitude cessent de pouvoir faire passer l’infini pour du fini quelconque, son affirmation d’existence donne en quelque sorte la mesure de la différence radicale qui sépare la vie finie vouée à n’être que le déchet de ce monde tel qu’il est, de la vraie vie œuvrante placée sous le signe d’un possible « touché » du bonheur et de l’absolu. J’affirme que la tâche de la philosophie est de traverser le désert glacé des concepts afin d’arriver au point où il est possible de repérer et d’affirmer l’existence, dans la conjoncture concrète de la situation présente, de « zéro dièse », c’est-à-dire d’une mesure, valable pour tous, collectivement et individuellement, de la vraie vie, qui soit une vie heureuse parce qu’une vie du vrai.

Le travail publié sur ce site se place donc sous le signe de l’engagement à envisager toute chose en pensée du point de ce qui fait « œuvre » dans le monde, parce qu’affirmer l’existence de « zéro dièse », contre mille bémols, c’est, aussi bien, soutenir que quelques notes de la partition ontologique des mondes ont parfois chance de s’élever d’au moins un demi ton au-dessus de la creuse banalité de ce qui n’est qu’en tant qu’il est dans son infinie diversité. La vraie vie, si difficile soit-elle à vivre, est sans bémol, au sens en tout cas de sans abaissement, élevée toujours d’un demi ton minimalement par la puissance de l’Idée !

Ce site est composé de trois principales rubriques. Dans chacune d’elles, les textes peuvent être lus directement sur le site ou bien téléchargés en pdf – le téléchargement est accessible en dessous des textes.

Atelier Archégalité : cet atelier, issu de la circulation de mon texte « Conservatisme Dogmatique et Conservatisme Sceptique » écrit en 2020, a pour enjeu d’ouvrir un grand travail pour part collectif de mise à distance des idéologies de plus en plus consensuellement dominantes telles que l’écologisme, le féminisme bourgeois et l’identitarisme. Il s’agit d’élaborer patiemment, à propos des grandes questions qui nous importent collectivement – l’émancipation politique, les rapports hommes/femmes, la dégradation capitaliste de la terre, etc. – un nouvel espace d’intellectualité où l’égalité, pensée comme principe (archè, d’où archégalité) en un sens transformé, et envisagée sous le signe de l’infini et non de la finitude paritaire, nous permette de nous soustraire à la double désorientation – pseudo-progressiste voire prétendument radicale, et réactionnaire voire fascisante – extrêmement étouffante par les temps qui courent.

Meetic et Metoo : cette rubrique, issue de mon texte « Meetic et Metoo » écrit en 2019, au moment de l’apparition en France du mouvement de provenance américaine Hashtag Metoo, propose la mise à l’épreuve théorique d’un certain nombre de thèses sur l’amour et la sexualité.

Cours de philosophie : cette rubrique est dédiée aux cours de philosophie qui pouvaient être restitués dans une publication, depuis mes premières interventions, au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers en 2016 puis à l’Ecole des Actes. Deux cours introduisant au concept philosophique d’histoire en 2016 ; deux cours sur Montaigne comme fondateur du scepticisme moderne en 2017 et qui sont ainsi comme la genèse de ma proposition plus récente d’identifier l’idéologie de la finitude contemporaine comme figure de conservatisme sceptique ; un texte bilan de mes cours sur l’opposition idéologique entre animalisme et transhumanisme comme participant d’un même tournant naturaliste contemporain en 2018, apparaissant rétroactivement comme un premier tour de piste pour une critique plus élaborée des idéologies consensuelles et des pseudo-antagonismes qu’elles génèrent, entre elles et à l’intérieur d’elles-mêmes ; enfin, des cours de 2020 sur l’œuvre du poète Hölderlin, à l’occasion de l’écriture du livre bientôt édité Ouvrir Hölderlin par Judith Balso, point de départ d’une élaboration possible de l’humanité comme concept renouvelé pour la philosophie, en tant que sujet d’une existence fondée sur un vide fondamental plutôt que sujet d’une histoire garantie par la plénitude d’un sens. Les cours des années 2021/2022 se retrouvent intégralement dans la rubrique de l’atelier archégalité.

Je mets également en vente deux livres dont je suis l’auteur:

Un livre de philosophie – Penser sous le signe d’un bien ; Etty Hillesum, le bonheur affirmé : il s’agit de tirer du Journal tenu par la jeune intellectuelle néerlandaise juive Etty Hillesum, en pleine montée en puissance de la persécution nazie, peu avant sa mort à Auschwitz en 1943, un concept du bonheur entièrement articulé à la capacité de faire face à l’adversité la plus criminelle et dévastatrice, parce que fondée sur le courage de se soustraire sans concession à toute réaction de type identitaire en symétrie impuissante au racisme nazi. Renouer avec une telle intense et lumineuse méditation me semble essentiel dans les temps actuels, de plus en plus fourvoyés dans l’identitarisme le plus inquiétant et forcené.

Une pièce de théâtre – Les Femmémancipées ou l’amour dure trois ans : il s’agit d’une comédie en quatre actes. Marie et Giovanni veulent se marier selon les modalités « scientifiques » de l’amour. Pour ce faire, ils inventent un nouveau régime matrimonial : le mariage à durée déterminée de trois ans ! Leurs amis Pinocrate (dit Le Philosophe) et Le Célibataire acceptent d’enquêter avec eux auprès des Femmémancipées afin d’établir un contrat de mariage conforme aux dispositions les plus « avancées » du féminisme contemporain…

Pour d’éventuels lecteurs souhaitant me contacter, il est possible de m’écrire à l’adresse email suivante : [email protected]

JULIEN MACHILLOT